Lorsque nous rédigeons les nouvelles de notre projet, nous choisissons en général de présenter les choses d’un côté positif et de parler des progrès, plutôt que de focaliser sur les problèmes et les difficultés multiples auxquels nous devons souvent faire face dans ce pays. Pourtant, parfois, un aperçu de ces défis peut nous permettre de mieux apprécier la valeur de ces progrès, et la touche miraculeuse qui souvent les accompagne. A vrai dire, nous nous sentons souvent bien dépourvus face aux difficultés, et totalement dépendant de la main de Dieu pour accomplir ce qu’il souhaite selon Sa volonté. C’est l’espoir qui nous soutient en attendant patiemment que nos projets se réalisent. L’exemple suivant illustre le genre de défis que nous rencontrons.
Voilà plus d’un an que la vision est née d’installer une bibliothèque à Kikimi. En fait, l’idée a germé après le décès de notre fille Natalie: elle-même un vrai rat de bibliothèque, elle avait la vision d’aider les enfants en difficulté à bénéficier d’une éducation. Dédiée à sa mémoire, nous avons pris la décision d’installer une bibliothèque à Kikimi.
En examinant les bâtiments déjà en place, et nos humbles ressources, le Seigneur nous a montré une solution relativement simple: déplacer le dispensaire dans le nouveau bâtiment en construction, et bâtir un petit dépôt extérieur à l’école. Ceci libérerait deux petites salles qui pourraient facilement être transformées en bibliothèque pour les élèves. Il suffisait d’abattre une cloison, percer une fenêtre, poser du carrelage, donner un coup de peinture et construire des étagères!
Aussi simples que soient ces travaux, ils prirent dix fois plus de temps que prévu, vus les défis successifs que le Congo nous offre. Pendant ce temps, nos amis de Marseille avaient entrepris la collecte de livres pour la future bibliothèque, qu’ils transportaient dans leurs bagages à chaque visite à leur fille et petits enfants résidant à Kinshasa. Un logiciel de livres fut acheté pour répertorier tous les livres, et un système de classement par cartes fut organisé.
Environ un mois avant la rentrée des classes, la pièce était finalement prête à être aménagée. Il ne nous restait qu’à fabriquer des étagères. Une des meilleures sociétés de décoration de Kinshasa nous offrit même de les fabriquer pro bono. Il suffisait de leur fournir les matériaux. Une veritable réponse à la prière ! On se voyait déjà inaugurer la bibliothèque pour la rentrée des classes! Nous avons immédiatement contacté la société de bois qui nous avait promis il y a deux mois de nous vendre à bon prix tout le bois dont on avait besoin pour nos projets, et même de nous le livrer. Nous avons donc passé la commande, et acheté les autres matériaux : vernis, visses, etc… (ce qui s’est avéré beaucoup plus compliqué que prévu—trouver des visses à Kinshasa? Pas évident !)
On ne peut jamais être sûr de rien au Congo. Nous sommes habitués aux difficultés de transport quand les routes sont impraticables, aux inondations, aux coupures d’eau et d’électricité, à la mendicité incessante, aux inévitables retards pour l’accomplissement de la moindre tâche. Pourtant, nous ne nous attendions pas à ce qui arriva –ou plutôt à ce qui n’arriva pas—par la suite.
Avec une forêt équatoriale couvrant 135 millions d’hectares, qui imaginerait une carence de bois en RDCongo? Déjà, le prix est choquant; on s’attendrait à ce qu’un pays qui en exporte de telles quantités ait des prix plus abordables. Le jour prévu pour la livraison du bois que nous avions commandé, la société nous annonce qu’en fait ils n’avaient plus de bois disponible à nous vendre. Quelque peu surpris et un tantinet inquiets (pour quelle raison refusaient-ils de nous vendre du bois?), nous avons contacté une autre compagnie. Puis une autre. Et une autre encore. On a eu du mal à découvrir la raison cachée derrière ces échecs successifs. Au Congo, si vous avez besoin d’acheter quoi que ce soit, il est très rare qu’on vous dise si ce que vous cherchez est disponible ou pas. Les gens sont tellement désespérés de gagner un peu d’argent, ils vous promettent tout ce que vous voulez, et puis ils justifient leur retard pour une raison ou pour une autre… et il faut toujours attendre, attendre, jusqu’à épuisement. Ce n’est donc qu’au bout d’une semaine de courir à droite et à gauche, passer des commandes, fixer des rendez-vous, espérer puis se buter à de fausses promesses, que nous avons fini par comprendre qu’il n’y avait en fait pas de bois disponible à Kinshasa pour le moment. Mais pour quelle raison? Tout le bois vient de la province de l’équateur, et doit être transporté par bateau au long du fleuve Congo jusqu’à la capitale. Or, en fin de saison sèche, les voies fluviales n’étant pas entretenues, les barres de sable rendent la navigation impossible. Il nous faudra donc nous armer de patience en attendant que les pluies reviennent, et que le bois puisse à nouveau être acheminé par le fleuve, avant d’espérer pouvoir construire nos étagères pour la bibliothèque.
Merci de bien vouloir prier pour la réalisation finale de ce projet, et l’on vous racontera le « happy ending » de l’histoire ! Une fois encore, nous avons l’espoir que notre rêve saura surmonter les défis du Congo.
Commentaire
“Les défis du Congo” ou “pourquoi devons-nous attendre pour fabriquer des étagères pour la bibliothèque de Kikimi”. — Aucun commentaire
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